Aller au contenu

Page:Journal de physique, de chimie, d'histoire naturelle et des arts, Tome 49, 1799.djvu/430

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
404
JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

3o. Que dans l’eau, le même effet soit beaucoup plus fort et se prolonge ou s’étende plus loin ;

4o. Enfin, qu’à travers la terre même et différens corps solides, le même effet s’étende encore plus loin, et ait plus de force et plus d’intensité.

Ainsi, l’on ne doit plus être surpris, si, en se couchant sur la terre, on peut entendre le canon d’un siége, à la distance d’environ 10 myriamètres (plus de 20 lieues), tandis qu’on cesse aussitôt de l’entendre, si on se lève pour écouter dans l’air. On entendoit à Monaco, en se couchant sur la terre, le canon des vaisseaux de Toulon, tirant, suivant la coutume, à 10 heures, le jour du samedi de Pâques. La distance de Toulon à Monaco est cependant de 12 ou 13 myriamètres au moins (plus de 25 lieues).

C’est la même cause qui fait qu’on entend, à l’extrémité d’une grosse et longue poutre, les coups que l’on frappe avec la tête d’une épingle à l’autre extrémité ; tandis que ce léger bruit ne sauroit être entendu à travers l’air à la distance d’un mètre.

Si l’on passe un bout de corde dans le sommet d’une pincette de cheminée (de celles qui ne sont pas à charnière), et qu’on porte à ses oreilles les bouts de cette corde, en faisant balancer et frapper contre quelque corps solide la pincette ainsi suspendue ; on entend aussitôt un bruit et un bourdonnement considérable, qui cessent dès que l’on éloigne des oreilles les bouts de la corde, et qui recommencent dès qu’on les en rapproche. Les enfans s’en font un jeu qui les amuse, parce qu’ils aiment le bruit. Mais le physicien pour qui aucun fait n’est indifférent, remarque ici que la matière du son mue par le choc et les frémissemens de la pincette, propage avec plus de force ses ébranlemens à travers la corde, dans le sens de sa longueur, qu’à travers l’air commun.

Il paroit que le son ou le bruit éprouve de la difficulté a se transmettre d’un milieu dans un autre, lorsque la différence des densités est considérable, à moins que l’un des deux milieux n’ait peu d’épaisseur. Cela est cause qu’il est aisément réfléchi par les corps durs, lorsque la matière élastique et subtile qui le forme, propage ses ébranlemens à travers un milieu rare et vient à rencontrer ces corps. En effet, quoique cette matière du son soit elle-même très-pénétrante, on sent que l’extrême promptitude, et même que la nature de ses ébranlemens la mettent plutôt dans le cas d’être répercutée ou réfléchie dans cette circonstance, que de se répandre avec la conservation de ses mouvemens d’un milieu rare dans un autre beaucoup plus dense.

L’observation des faits me paroit confirmer complètement cette idée.

L’écho