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PERRIN

selon leur taille. C’est ainsi que j’ai préparé les émulsions uniformes qui m’ont servi.

Il faut alors mesurer la densité apparente des grains. J’ai employé deux procédés qui donnent des résultats concordants. Tous deux utilisent ce fait qu’on peut doser avec précision la résine présente dans un échantillon donné d’émulsion par simple dessiccation à l’étuve. Le verre transparent que l’on obtient ainsi a probablement la même densité que celui qui forme les grains de l’émulsion, et nous pouvons déterminer de la façon ordinaire, sur des fragments de volume notable, la densité de ce verre. C’est le premier procédé.

Le second, plus délicat, est en somme la « méthode du flacon », telle qu’on l’applique aux poudres insolubles. À une température donnée, on mesure les masses d’eau et d’émulsion qui emplissent un même flacon à densité et on dose la masse de résine contenue dans cette masse d’émulsion. Si est la densité de l’eau, le volume du flacon est celui de l’eau intergranulaire est , leur différence est le volume des grains, et le quotient par ce volume de leur masse donne la densité cherchée.

Par ces deux moyens, on trouve à 20°, comme densité apparente, 0,207 pour les grains de gomme-gutte et 0,063 pour ceux de mastic.

Reste à dire comment on observe. Ce n’est pas, comme on pourrait le croire, sur une hauteur de quelques centimètres ou même de quelques millimètres que j’ai pu étudier la répartition d’équilibre de mes émulsions, mais sur la faible hauteur d’une préparation disposée pour l’observation microscopique.

Imaginez qu’on ait collé sur le porte-objet une glace très mince, percée d’un large trou, réalisant ainsi une cuve cylindrique plate dont la hauteur sera, par exemple, de 100 µ. Au centre de cette cuve, on dépose une goutte d’émulsion qu’on aplatit aussitôt par un couvre-objet qui ferme complètement la cuve ; puis, pour éviter l’évaporation, on noie sous de la paraffine les bords de ce couvre-objet.

La préparation est alors portée sur la platine, rendue soigneusement horizontale, d’un bon microscope. L’objectif, de très fort grossissement, a une faible profondeur de champ, et l’on ne peut voir nettement, à un même instant, que des grains situés dans une