Page:Journal de physique théorique et appliquée, tome 9, année 1910.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
MOUVEMENT BROWNIEN ET MOLÉCULES

donne . On trouve ainsi pour des valeurs comprises entre 40 . 1022 et 90 . 1022 (aucune molécule monoatomique n’a été étudiée). On ne pouvait espérer mieux en acceptant ces simplifications.

Une concordance de même ordre a été signalée par M. Pellat, dans l’hypothèse où la loi de Stokes s’appliquerait encore aux ions de l’électrolyse supposés sphériques. Tenant compte des vitesses prises par ces ions dans un champ donné, cela donne encore et se déduit approximativement du volume à l’état solide. Les valeurs données ainsi pour par les différents ions métalliques s’échelonnent entre 60 . 1022 et 150 . 1022 ; l’ordre de grandeur est bien retrouvé.

Un moyen tout différent, dû à lord Rayleigh, et qui m’a été signalé par Langevin, permet de compter les molécules de l’air d’après la diffraction qu’elles produisent sur le lumière solaire, diffraction qui est l’origine de la coloration bleue du ciel. Développant la théorie élastique de la lumière, lord Rayleigh arrive à une formule (depuis retrouvée par Langevin dans la théorie électromagnétique) qui permet d’avoir si l’on mesure simultanément, pour une même longueur d’onde, l’éclat du soleil, et, dans une direction connue, celui du ciel. Des mesures actuelles, malheureusement peu précises, donnent la valeur 90 . 1022, l’erreur due à l’imprécision des mesures pouvant atteindre 50 p. 100. L’ordre de grandeur est donc retrouvé, et cela est déjà très remarquable ; mais on peut espérer mieux de ce moyen, qui se prête à une détermination précise.

22. Au lieu de chercher à atteindre directement la constante d’Avogadro ou la constante d’énergie moléculaire, on s’est également efforcé de déterminer directement la charge de l’électron, qui, nous l’avons vu, doit être la e partie d’un faraday. C’est ce qu’ont fait les physiciens de l’école de J.-J. Thomson, en cherchant à déterminer la charge des ions dans les gaz. Ils ont utilisé ce fait, établi par C.-T.-R. Wilson, que dans un gaz humide débarrassé de poussières et brusquement sursaturé par détente, les gouttelettes d’eau se forment autour des ions.

Pour cela, on mesure, n’importe comment, la charge présente sons forme d’ions par centimètre cube d’un gaz maintenu dans un état d’ionisation constante, ce qui donne le produit du nombre d’ions présents dans ce volume par la charge cherchée . Par une détente déterminée, on condense alors brusquement une masse d’eau que la thermodynamique permet de calculer. Soit cette masse,