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120 JOURNAL DES ECONOMISTES. que le manifeste par lequel le socialisme declare la guerre a T6co- nomie politique. Les socialistes ont escalade le pouvoir a la suite de la revolution de Fevrier. lis ont une revanche a prendre contre le bon sens de la nation, qui dedaigna leurs theories en 1830 et en 1832, a une epoque marquee aussi par la ferveur r6volutionnaire. lis nous rapportent tous les projets qu’ils ont nourris pendant seize ans dans I’aprete de la solitude. lis prennent la societe comme un champ ou- vert a leurs experiences. Apres la disorganisation du travail, que vous avez combattue avec tant d’eloquence, ils tentent celle de I’en- seignement. Leur point de depart est une mauvaise philosophic, une (5tude incomplete du coeur humain et de l’histoire. Ils joignent a cela Tignorance la plus absolue des phi5nomenes sociaux , et ils vivent comme a plaisir en dehors des faits. L’economie politique leur est en horreur, parce qu’ils lisent leur condamnation dans ses principes. lis destituent les professeurs, ils suppriment les chaires ; ils en viendront, si nous le permettons, à bruler les livres. C’est l’esprit de secte, esprit farouche et implacable, qui impose sa dictature à la société. Il est bien temps de Tarrfiter, et si le gouvernement ne croit pas pouvoir le faire, nous esp6rons que TAssemblee nationale le fera. »


II.

Revenons pour notre compte à la réponse officielle qu’on a si peu fidèlement mise dans la bouche de M. de Lamartine, et r6pondons a qui de droit en relevant les propositions que le Moniteur met en avant. Nous avons soumis a nos lecteurs le rapport de M. Reynaud au nom de la haute Commission des études, rapport approuve* par M. Carnot, et nous les avons* faits juges des intentions larges et éclairées de ces deux citoyens a l’endroit des études économiques. II nous est impossible de comprendre qu’on ait a voulu multiplier sous d’autres formes » l’enseignement de l’économie politique, quand on a positivement dit que cette science n’existait point, et quand on l’a remplacée par cinq chaires de technologie et de statistique, auxquelles on a nomme, pour la plupart, des professeurs completement étrangers à ces matières. Que siM. le ministre de l’instruction publique s’6tait réellement preoccupe du soin de faire de Feconomie politique, science spéculative, une science administrative, nous lui dirions qu’en y regardant de plus pres, il aurait vu que l’economie politique, au point où elle est arrivee, est aujourd’hui cent fois plus capable d’éclairer [’administration que les études technologiques et statistiques qu’il a imaginée de faire professer au collége de France.

Le Moniteur fait dire a M. de Lamartine que l’économie politique ne doit plus être comme autrefois « la science de la Richesse. » Et pourquoi pas ? Sans doute le rédacteur du Moniteur officiel, ignorant la