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déclaration des droits. Il y est dit que la constitution garantit à tous les citoyens :

La liberté, l’égalité, la sûreté, l’instruction, le travail, la propriété, l’assistance.

Une promesse illusoire a été la plus lourde faute commise, le lendemain de Février, par le gouvernement provisoire. Or, cette faute a contribué pour une large part aux événements du 15 mai et des 23-26 juin. M. Léon Faucher et M. Thiers (que Dieu soit béni !) ont déjà énergiquement flétri cette déclaration banale et dangereuse pour l’avenir.

— M. Flocon aura encore laissé une légère trace de son passage au ministère du commerce par d’homœopathiques améliorations au tarif du nankin, des glaces non étamées, des fontes aciéreuses de l’Algérie, et de l’iode ; et par une augmentation de 50 pour 100 des primes à la sortie sur les tissus de coton, le sucre raffiné, les savons, les meubles d’acajou, les peaux tannées et corroyées, les plombs et les cuivres battus ou laminés, les chapeaux de paille, les acides nitrique et sulfurique, le soufre raffiné. M. Flocon avait hérité des bonnes intentions de M. Cunin-Gridaine.

— Le 20 et le 21 juin, l’Assemblée nationale était très-préoccupée de la difficulté des ateliers nationaux, source de déprédations pour nos finances, foyer de démoralisation pour les ouvriers. La question était venue au sujet d’un crédit de 3 millions demandé par M. Trélat, crédit à propos duquel le Comité des finances a demandé et obtenu en principe la dissolution des ateliers nationaux. Dans cette séance il s’est fait une grande énumération de secrets pour guérir les plaies sociales en général et celle des ateliers nationaux en particulier : secret à la connaissance de M. Trélat, signalé par M. Alkan et resté inconnu ; secret de M. Larochejaquelein, qui consiste à prêter 14 millions aux ouvriers en bâtiments ; secret de M. Caussidière, grand partisan des primes à la sortie, qui vexeraient beaucoup la perfide Albion, et du défrichement des terres incultes à donner aux pauvres ; le secret de M. Stourm, proposant de prêter aux entrepreneurs, etc., etc. ; le tout pour faire suite au secret de M. Duclerc sur les finances.

— Par un décret du 31 mars, le gouvernement provisoire, en vue des élections, dit-on, modifia le tarif et la perception des droits sur les boissons. Les débitants furent soulagés, l’exercice fut appelé d’un autre nom, et les consommateurs achetant directement furent surchargés. Sur la demande du Comité des finances, la Chambre est revenue à l’ancien système. À ce propos, M. Mauguin proposait de supprimer l’impôt des boissons et de le remplacer par des mesures subséquentes. L’honorable représentant a été mis en demeure de stipuler ces mesures.

Même réponse a été faite à M. Thouret, demandant l’abolition du monopole du tabac.

— Les événements de juin ont arrêté la discussion relative au rachat forcé des chemins de fer par l’État. Nous reproduisons en partie l’opinion de M. de Montalembert. C’est le seul discours vraiment sérieux qui ait jusqu’à présent été prononcé dans l’Assemblée nationale.

Le nouveau ministre des finances a retiré le projet de l’ordre du jour, en donnant pour raison qu’il n’avait point encore de parti pris.

— De fort tristes nouvelles sont arrivées de la Martinique ; quelques meurtres ont été commis ; une habitation a été incendiée. Mais ces faits sont antérieurs à l’arrivée du décret d’abolition. Ce décret est, au contraire, venu calmer l’effervescence qui menaçait d’embraser la colonie. Dans le reste de l’île et les autres Antilles, il n’y a eu aucun malheur à déplorer.

— On dit que M. Carnot, ministre de l’instruction publique, peu flatté de l’accueil fait à son nom lorsque M. Cavaignac a lu la liste de son ministère, compte se retirer. M. Jean Reynaud, sa nymphe Égérie, doit l’accompagner dans sa retraite.

Ce n’est pas nous qui pleurerons ces deux proscripteurs de l’économie politique.

Paris, le 3 juillet 1848.