Page:Journal des économistes, 1848, T20.djvu/63

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litique, un cours de statistique, un ou deux cours de technologie ? Comme il n’y a pas, dans la statistique de la population, de quoi alimenter un cours d’une année ; comme cela est vrai de la statistique des mines et des manufactures, des travaux publics, des finances et du commerce, les professeurs feront, pendant les trois quarts de l’année, de l’économie générale ; c’est-à-dire qu’après avoir poussé pendant quelques années des pointes en sens divers, la force des choses les ramènera à l’économie politique. Alors, si le collége de France dure encore, on verra cinq cours de la même institution commencer de la même manière ; on verra cinq professeurs, s’ils font leurs cours et s’ils s’en tiennent à leur programme, parler production, consommation, échange, capital, monnaie, machines, travail, salaires, etc., à peu près de la même façon. Ce sera beaucoup de temps, beaucoup d’efforts et beaucoup d’argent perdus.

En vérité, il est difficile de comprendre, bien que cela soit très-réellement, qu’un ministre de la République française et une Commission de son choix aient créé et mis au monde une pareille organisation scientifique. Il est difficile de comprendre que les onze membres du gouvernement provisoire y aient donné la main.

Ajoutons que le gouvernement avait mille fois mieux à faire qu’à reconstituer à la légère une institution dont les pouvoirs futurs se seraient occupés avec plus de calme et en meilleure connaissance de cause.

Il y a, il faut le dire, dans la suppression inintelligente de la chaire d’économie politique qui nous rappelle les préjugés de l’école impériale, plus qu’une rancune du socialisme assez peu formulé, dont M. Carnot est un des adeptes, contre l’économie politique : il y a le moyen indirect de destituer le titulaire de la chaire d’économie politique. Nous répétons que ce procédé manque de dignité et de justice, et nous sommes sûrs que notre opinion a de l’écho non-seulement en France, mais encore dans le monde entier ; car, partout, les écrits de M. Michel Chevalier sont connus et appréciés.

M. Michel Chevalier a appartenu, il est vrai, à un parti qui n’a pas voulu les événements de février ; M. Michel Chevalier a écrit dans le Journal des Débats, organe de ce parti ; mais M. Michel Chevalier n’a jamais négligé l’occasion de signaler le danger des fausses mesures, et de réclamer les réformes souvent les plus radicales. C’est un de ceux qui ont écrit avec le plus de charme et le plus de fruit sur les matières économiques, qui ont le plus vulgarisé les vérités utiles, qui ont le plus appelé l’attention publique sur l’amélioration du sort des classes pauvres. Eh bien, c’est un pareil homme que les représentants de la République jugent à propos de frapper, pour donner satisfaction à nous ne savons quelles animosités de socialistes ou de publicistes. Nous comprenons à merveille qu’on destitue, pour cause de politique, tous ceux qui occupent des postes politiques ; nous