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DE LA LÉGISLATION DES VOIES DE TRANSPORT. 217 DE LA LÉGISLATION ACTUELLE DES VOIES DE TRANSPORT; NÉCESSITÉ D’UNE RÉFORME BASÉE SUR DES PRINCIPES RATIONNELS.

Lorsqu’on examine avec attention les lois, les mesures administra- tives, les opinions du public sur tout ce qui concerne les voies de com- munication, et en général le transport des personnes et des marchan- dises, on est frappé des étranges contradictions qu’on rencontre à cha- que pas. Ici, sous la forme d’impôts de diverses natures, de lois de police, des entraves de toute espèce pour arrêter le mouvement ; là, sous la forme de subventions données ou prêtées, d’intérêts garantis , de travaux exécutés gratuitement, des efforts extraordinaires pour l’ex- citer outre mesure, un oubli presque complet de certaines voies de communication utiles à tous, une sollicitude extrême pour d’autres qui ne doivent servir qu’à quelques-uns. Cette espèce de désordre n’a d’autres causes , selon nous , que la nouveauté de l’usage du transport des hommes et des choses, qui a surpris à la fois le législateur, l’ad- ministration et le public. Il peut paraître bizarre de nous voir donner le nom de nouveauté à une chose tellement ancienne, qu’on se trou- verait embarrassé pour en préciser l’origine. C’est qu’il nous semble qu’il y a deux choses bien distinctes dans toute grande découverte : la première, où elle apparaît incomplète, souvent plus nuisible qu’utile, d’un emploi difficile, dispendieux et borné à un petit nombre de per- sonnes dont elle est l’art ou le métier, et par là ayant peu d’influence, suivant sa nature, sur les habitudes, l’esprit, les mœurs des masses, et par conséquent sur l’état social. Plus tard, placé dans certaines con- ditions, ce germe se développe, se propage et envahit toutes les clas- ses de la société qu’il peut profondément modifier : c’est la seconde période, beaucoup plus importante que la première pour le public et le législateur. Cela est si vrai, que ce n’est qu’avec peine que l’his- toire peut nous donner les noms des inventeurs des plus grandes dé- couvertes même des temps modernes. Ainsi, l’imprimerie ne fut, dans

T. XXIII. — 15juin 1849. 15