Page:Journal des économistes, 1849, T25.djvu/9

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avaient de l’importance ; qu’ils entreprenaient une œuvre sérieuse avec dévouement, et que la société avait intérêt à la voir pratiquer. Loin de là, quand il a fait sa proposition, elle n’a réellement pu paraître sérieuse : son système avait été ridiculisé par les socialistes eux mêmes, et rien ne pouvait plus porter la Constituante à aventurer une somme considérable sur de simples promesses et des engagements de tribune. Autant en emporte le vent.

Pour balancer l'action et les efforts de la coalition révolutionnaire et socialiste, les hommes éminents du parti opposé imaginèrent de fonder une vaste propagande par des feuilles publiques et des écrits populaires. Mais cette tentative a complétement avorté. D’abord, les chefs de cette ligue n’ont pas tardé à montrer que, tout en voulant combattre les illusions du Socialisme, ils cherchaient tous à préparer le retour de leur prétendant spécial à la succession de la République ; ensuite, et probablement parce qu’ils ne se rendaient pas un compte exact de la difficulté qu’ils avaient à vaincre, ou parce qu’ils étaient eux-mêmes sous l’influence de beaucoup de préjugés socialistes, et aussi parce que les écrivains auxquels ils s’adressèrent se trouvaient dans les mêmes conditions d'infériorité, il arriva que les publications dites de la rue de Poitiers, loin de combattre le Socialisme, lui donnèrent un nouvel aliment, car les socialistes purent faire ressortir ce qu’il y avait de pauvre, d’inintelligent, d’hostile à tout progrès, de perfide pour la Constitution. En fait, les élections de l’Assemblée législative ont amené plus de cent rouges socialistes, plus du double du nombre qu’il y avait à la Constituante ; elles ont prouvé que majorité de plusieurs départements suivait les hommes et le drapeau de la Montagne, et que les habitants des campagnes, que l'on avait dits inattaquables par les folles théories, commençaient à être gravement travaillés par elles.

Ce résultat s’explique quand on se rappelle qu’une branche de propagande de la rue de Poitiers se bornait à réagir contre ce qui a été fait depuis deux ans, le bien comme le mal, et à chanter les charmes du statu quo ; qu’une autre branche n’a eu d’autre solution à proposer que la reconstruction du château et du presbytère ; que parti des amis de la Constitution s’est scindé en deux fractions, une qui n’a su que se taire, l’autre qui s’est alliée avec la coalition rouge socialiste ; et que partout les bases de l'ordre naturel ont été mises en question, les problèmes les plus complexes ont été posés au milieu de l’ignorance générale des notions les plus élémentaires de l’économie sociale.

Nous ne citons que pour mémoire les efforts de l’Académie des sciences morales et politiques. L’utilité de plusieurs de ses publications est incontestable, mais elles n’ont été lues que par une faible partie de la population éclairée, et elles ne sont nullement descendues dans ces couches compactes ou ne pénètrent que les