Page:Journal des économistes, 1876, SER3, T42, A11.djvu/262

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Cobden, il n’y a pas une pierre, un tableau, qui ait consacré même un mot de souvenir au hardi libre échangiste dont les doctrines forment la base de la politique commerciale de la nation la plus commerçante de l’univers.

Et lorsque le 17 juillet dernier, on célébra à Greenwich la fête du Cobden Club, la fête cosmopolite par excellence, la fête à laquelle ont pris part les libres échangistes de toutes les parties du monde, de toutes les zones, de toutes les nations, lorsque plus d’une parole enthousiaste fut prononcée en l’honneur du libre échange, dans cette fête, sur les bords de la Tamise, le fleuve le plus favorisé par le libre échange, on a oublié de rappeler, comme l’auteur de ces lignes qui est resté jusqu’à la fin s’en est convaincu, que le choix du jour de la fête était tombé sur l’anniversaire de la mort du fondateur du libre échange !

Si en Écosse et en Angleterre, on a tellement négligé le grand mort, l’Allemagne ne pourrait-elle pas faire mieux !

Il ne saurait être question par l’Allemagne d’ériger le monument dont les pierres sont encore dans les carrières de marbre d’Angleterre.

Il est beau que tout un peuple témoigne sa reconnaissance à de grands hommes par des monuments en pierre ou en bronze ; mais il est plus utile que les moyens, nécessaires à cet objet, soient employés à des œuvres qui ne témoignent pas seulement de la reconnaissance, mais qui en même temps portent des fruits. Mais si une partie du peuple allemand partage l’opinion qu’il est temps enfin de faire quelque chose, au moins en Allemagne, pour conserver le souvenir du grand homme, on prêtera peut-être quelque attention à la proposition de réunir, en l’honneur d’Adam Smith, les fonds d’un monument qui serait plus fructueux qu’une statue de bronze ou de marbre.

Dans le cours de ce printemps s’accomplira le siècle au commencement duquel a paru le livre sur la Richesse des nations. Personne jusqu’ici n’a appelé l’attention sur ce fait. Devrait-il passer inaperçu ?

S’il ne le doit pas, il n’y a peut-être pas de meilleur moyen pour célébrer cet événement, que la création d’une fondation à l’usage de ceux qui ont la volonté et la capacité de développer la grande science, des progrès de laquelle dépend le progrès des peuples et des individus.

Un prix décerné annuellement à des travaux sur des questions économiques donnerait facilement le moyen de reconnaître le plus digne. Et si les sommes réunies étaient suffisantes pour que leurs intérêts pussent subvenir largement à des voyages à l’étranger,