Page:Journal des économistes, 1876, SER3, T43, A11.djvu/111

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maintenaient en exercice un système d’instruction tout à fait conventionnelle, inutile quand elle n’était pas nuisible. Par malheur, ces idées n’étaient pas seulement en avance sur le siècle où elles étaient émises ; elles devançaient de plusieurs siècles, suivant le mot de M. Lowe, l’opinion publique des nations les plus éclairées. On l’a bien vu, lors d’une récente et mémorable discussion. Le législateur a mis la liberté de l’enseignement supérieur comme une enseigne à la loi de 1875 ; mais en fait, de quoi s’agissait-il, si ce n’est d’associer le clergé au monopole de l’université ? Le latinisme, comme disait Bastiat, reste de part et d’autre maître de la place, et grâce au maintien des grades universitaires, personne n’aura, pas plus que par le passé, le droit de tuer son malade ou de ruiner son client, sans un brevet ad hoc, délivré par la faculté et revêtu du sceau public.

En terminant, M. Lowe a beaucoup regretté que la lecture d’Adam Smith ne fût pas familière aux meneurs et aux membres des Trade’s unions. « Quoi de plus lamentable », s’est-il écrié à ce propos, « que de voir les erreurs où elles tombent ; quand, par exemple, les unions interdisent à leurs sociétaires de manier de la même main et l’outil du briquetier et la truelle du maçon quand elles leur prescrivent de travailler sans zèle et tout doucement ; de ne se distinguer d’aucune manière, etc ? Autant de mesures destinées, dans la pense de leurs auteurs, à endommager le capital, mais qui retombent en fin de compte sur leurs promoteurs et ces ouvriers mêmes que l’on entend ainsi favoriser »

M. Lowe ne veut pas désespérer toutefois du bon sens des classes ouvrières de son pays ; une connaissance plus intime des principes économiques les ramènera, espère-t-il, dans une voie moins mauvaise, et il se souvient qu’Adam Smith lui-même avait dans un moment d’humeur noire mis en doute l’avénement du libre-échange dans sa patrie. « Les marchands et les agioteurs d’alors n’étaient pas ni moins mal avisés (M. Lowe dit tout bonnement stupides), ni moins ignorants que les unionistes d’aujourd’hui, et de même que les uns avaient aujourd’hui rejeté bien loin le protectionnisme, on pouvait espérer que les seconds, à leur tour, se débarrasseraient de l’unionisme ».

À M. Lowe succède M. Léon Say, ministre des finances en France. Voici son discours :

Milords et messieurs, je vous prie d’abord de m’excuser si je parle en français. Ne sera-ce pas d’ailleurs plus conforme à l’acte que je veux