Page:Journal des économistes, 1876, SER3, T43, A11.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne s’en constitue pas le champion de tous leurs faits et gestes ; si elles commettaient des sottises, elle devaient naturellement en subir les conséquences ; mais elles ont n6es du besoin de réagir contre une législation singulièrement oppressive, sous laquelle les classes ouvrières étaient restées courbées pendant des siècles, et la grosse affaire du moment était l’éducation populaire.

Il parait que ce n’est pas de ce seul côté de la Manche qu’on se plaint de la disposition intolérante du législateur et de l’ingérence du gouvernement en toute sorte de sujets. Du moins, M. Newmarch a-t-il signalé comme un véritable danger ces créations d’emplois et d’inspections qui succédaient les unes aux autres, et a-t-il accusé le parlement de passer presque tout son temps à vouloir faire pour la nation ce qu’elle et ait beaucoup plus capable de mieux faire elle-même ». À cette occasion l’orateur a cité l’insuccès de l’Agricultural Holdings Act, voté l’an dernier.


C’est de cette même loi que M. Gladstone, qui a pris ensuite la parole, s’est emparé aussi pour s’associer pleinement aux idées du préopinant. Faisant allusion alors à l’opinion que l’on a cité de M. Norman, l’illustre homme d’État a confessé qu’il n’y avait point de pays ni de siècle où cette vérité eût plus besoin d’être inculquée dans les esprits et gravée dans les cœurs. Seulement ce danger de la richesse et ce besoin de se prémunir contre elle restaient limités à une très-petite portion de la société, aux personnes qui jouissaient du superflu, et lorsque Smith s’était livré à ses profondes analyses de la richesse, il avait entendu le faire au bénéfice de la communauté tout entière. Et la grande gloire de la science, dont on pourrait l’appeler le fondateur, était même, non d’avoir augmenté la richesse de quelques-uns ou transformé en richesse la pauvreté des autres, mais bien d’avoir puissamment contribué au soulagement de la misère publique, et d’avoir apporté quelque aisance à des milliers et à des millions de créatures humaines.

Les opérations du commerce, a continué M. Gladstone, ont d’ailleurs plus qu’une portée purement matérielle ; elles tendent à rapprocher les nations comme à éteindre chez elles ces rivalités et ces haines nationales, qui ont ensanglanté les pages de l’histoire, et que le vœu ardent de tout économiste, vraiment digne de ce nom, est de voir enfin disparaitre. Sur ce terrain, l’orateur devait nécessairement rencontrer le célèbre traité de 1860, dont il a reporté le premier mérite, comme de raison, à l’illustre Cobden, puis à l’empereur Napoléon III. À ce dernier égard, il y aurait peut-être quelque réserve à faire, et il nous parait douteux que ce prince, s’il