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REIMPRESSION

DU

JOURNAL OFFICIEL

DE LA

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

La A W U

UNE

Jeudi 6 Avril 1871

SOMMAIRE

PARTIE OFFICIELLE. — Proclamation aux citoyens de Paris concernant les prisonniers de guerre ; — décret -y relatif. — Rapport du délégué à la guerre aux membres de la commission executive. — Artêté du généial Cluseret. — Nomination provisoii’e des chefs de légion. — Notification officielle du Gouvernement de la Commune aux représentants étrangers. — Avis des commissions du travail et de l’échange et des subsistances.

PARTIE NON OFFICIELLE. — Le Comité central et la Commune. — Lettre du général Bergeret à la commission executive. — Communication aux membres de la Commune. Avis aux citoyens des W et XVl» arrondissements. — La véritable situation de Paris. — Adresse du comité républicain de Melun. _ La Bibliothèque nationale. — Nouvelles étrangères. — Déclaration des chambres syndicales du commerce. — Faits divers. — Nécrologie. — Paria vu du dehors. — Boui ses et marche^.

PARTIE OFFICIELLE

Paris, le 5 avril 1871.

COMMUNE DE PARIS

Citoyens, -

Chaque jour les bandits de Versailles égorgent ou fusillent nos prisonniers, et l^as d’heure ne s’écoule sans nous apporter la nouvelle d’un de ces assassinats.

Les coupables, vous les connaissez : ce sont les

gendarmes et les sergents de ville de l’empire, ce

sont les royalistes de Charrette et de Cathelineau qui

marchent contre Paris au cri de Vive le Roi et dra-

"peau blanc en tête.

Le gouvernement de Versailles se met en dehors des lois de la guerre et de l’humanité, force nous sera d’user de représailles.

Si, continuant à méconnaître les conditions habi- 22

tuelles de la guerre entre peuples civilisés, nos ennemis massacrent encore un seul de nos soldats, nous répondrons par l’exécution d’un nombre égal ou* double de prisonniers.

Toujours généreux et juste même dans sa colère, le peuple abhorre le sang comme il abhorre la guerre civile ; mais il a le devoir de se protéger contre les attentats sauvages de ses ennemis, et, quoi qu’il lui en coûte, il rendra œil pour œil et dent pour dent.

Paris, le 5 avril 1871.

La Commune de Paris.


La Commune de Paris,

Considérant que le gouvernement de Versailles foule ouvertement aux pieds les droits de l’humanité comme ceux de la guerre ; qu’il s’est rendu coupable d’horreurs dont ne se sont pas souillés les envahisseurs du sol français ;

Considérant que les représentants de la Commune de Paris ont le devoir impérieux de défendre l’honneur et la vie de deux millions d’habitants qui ont remis entre leurs mains le soin de leurs destinées ; qu’il importe de prendre toutes les mesures nécessaires par la situation ;

Considérant que les hommes politiques et les magistrats de la cité doivent concilier le salut commun avec le respect des libertés publiques ;

Décrète :

Art. 1er : Toute personne prévenue de complicité avec le gouvernement de Versailles sera immédiatement décrétée d’accusation et incarcérée.

Art. 2 : Un jury d’accusation sera institué dans le vingt-quatre heures pour connaître les crimes qui lui seront déférés.

Art. 3 : Le jury statuera dans les quarante-huit heures.

Art. 4 : Tous les accusés retenus par le verdict du jury d’accusation seront les otages du peuple de Paris.