Page:Jouve - Coup d'œil sur les patois vosgiens, 1864.pdf/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 6 —

II

Les patois, c’est-à-dire, d’après l’étymologie donnée par de Chevallet, le langage de nos pères, ne sont point un résultat de la corruption de la langue française, comme on l’a prétendu longtemps ; c’est un produit indigène, direct, de tous les éléments qui se sont amalgamés dans chaque partie de la France à la suite des grands mouvements de populations opérés du 5e au 11e siècle.

Sortie de cette confusion, dans un coin assez restreint de notre sol, autour de la royauté féodale, la langue française s’est développée à mesure que l’unité se faisait dans le pays et que la royauté devenait le centre de toute activité ; tandis que là, où les pouvoirs locaux, où les coutumes, les idées tournaient dans un même cercle étroit, les idiomes provinciaux, se laissant difficilement pénétrer par celui qui primait dans la littérature, à la cour, dans les actes publics, sont restés les mêmes et ont fourni cette innombrable variété de dialectes ou de patois qui peuvent cependant se diviser en diverses zones géographiques ou ethnographiques.

Le patois parlé dans les Vosges appartient à la grande famille des idiomes rustiques du nord-est de la France, comprenant la Normandie, l’Île-de-France, l’Artois, la Picardie, le pays