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profondément latin. C’est de ce patois que M. de Reiffenberg aurait pu dire que les populations ont coupé la queue aux mots latins ou les ont éventrés. Ainsi dans les mots suivants, le patois a procédé par le retranchement de la dernière syllabe, à laquelle se trouvaient attachées syn­thétiquement des idées de rapport qui ont été perdues dans la confusion des temps ou par l’ignorance et remplacées analytiquement, on le sait, par des prépositions :

pé, pire, pejus,
pò, peu, paucus,
prâ, pré, pratum,
pâ, paix, pax, pacis,
son, sommeil, somnus,
lé, lit, lectus,
mâ, mauvais, malus,
cô, cou, collum,
pé, peau, pellis,
bé, beau, bellus,

La ressemblance avec le latin n’est pas toujours aussi éloignée ; le radical est plus complet, et la terminaison seule est française. Sarpe, serpe, se trouve dans sarpere, tailler ; malie, pommier (au Ban-de-la-Roche), est le malus des Romains que n’a pas conservé le français.

L’intérieur du mot latin a disparu dans d’au­tres expressions par une de ces règles communes aux langues qui se transforment, celle du res­serrement. La syllabe ou la voyelle brève, qui n’a pas d’accent, s’efface par la rapidité de la