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Mouchât, moineau. C’est l’ancien allemand mez, transformé en musche dans le flamand, en mouchon dans le patois wallon de Mons, en mouchat à Epinal et en mouchot à Metz. Le patois normand l’a sous la forme moisson, moisseron. Roquefort, dans son glossaire, conjecture donc avec raison que le moisson, moison, du Lai de l’oiselet, est le moineau. Meise, de l’allemand moderne, est la mésange.

Crompire, pomme de terre, usité en Normandie, est formé de grundbirn (littéralement, poire de terre) employé dans l’Allemagne du sud plutôt que kartoffel. La pomme de terre était connue dans les Vosges et en Alsace dès la seconde moitié du 17e siècle. Près de Remiremont le mot poire l’a emporté sur celui de pomme, car la pomme de terre s’appelle poirotte.

Erwaitiè, rwaitiè, waitiè ou erwaitè, erwatè, etc. (w prononcé ou), regarder. Waitier est des environs de Douai, aujourd’hui comme au 14e siècle. On reconnaîtra facilement les analogies avec l’allemand wahten, veiller ; wet, guet, etc. Le gothique disait vitan. Notre mot français regarder vient du tudesque warten, garder, surveiller. Près de Weissembach, arrondissement de Saint-Dié, il y a une montagne qu’on appelle la Wœd, à cause du poste qui y était autrefois établi.

War ou ouar, guère ; on dit aussi ouair. Oua, à Rambervillers et en patois messin ; wares dans ti jus Adam, la plus ancienne comédie française. Dans le vieux allemand garo ; allemand moderne,