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Comme le français, le patois se sert d’éléments usuels pour en composer des termes nouveaux et nécessaires. Il dira in élaide un effort, (littéralement un à l’aide), comme nous disons alentour pour à l’entour, alarme pour à l’arme. L’eau-de-vie, qu’au moyen-âge on appelait eau-de-feu, se nomme breulâ de breulé, brûler. L’homme qui fait la besogne ordinairement réservée aux femmes sera désigné par le nom de fommeré, de fomme, femme, tout comme nous disons femmelette d’un homme sans vigueur. De kiair, clair, le patois fera kiairi, gai : Maindgè et s’bôouè, et s’vo féyè to kiairi ; mangez et buvez et soyez de bonne humeur (Ban-de-la-Roche).

S’il accepte des termes tout faits, il arrive quelquefois qu’il les dénature, en y introduisant un rapport nouveau que dans son ignorance, en vertu d’une loi naturelle de l’intelligence, il est obligé d’y rattacher, pour qu’ils offrent un sens à son esprit et portent pour ainsi dire avec eux leur cachet. Ainsi aumôme, expression abstraite tirée du grec qui ne le reconnaîtrait

    raine (du latin rana), savate, la grenouille verte des prés, je crois, et crochotte. Ce dernier me semble être une onomatopée. Un orateur girondin ou du marais plutôt, était venu, en 93, pérorer devant le club montagnard d’Épinal. Son langage souleva l’auditoire, et les cris à bas la crochotte ! … mirent en fuite le malencontreux missionnaire de la réaction du moment.