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nord, dans les vallées de la Moselle, il prend des nuances du patois messin ; il devient plus doux, plus clair, il a plus de babil et de gaieté.

Disons encore qu’outre ses affinités avec les patois du nord de la France, comme il se trouve sur la limite de la Bourgogne et des pays que domine le Jura (Franche-Comté et Suisse), il n’est pas sans rapport nombreux avec les patois de ces derniers pays. Nous avons retrouvé à Neufchâtel, à Gruyère, à Vévay, des expressions et des formes qui pourraient faire étendre jusque là la limite géographique des patois que nous avons tracée.

En général, les patois vosgien ont quelque chose de traînant, d’un peu lourd qui les font reconnaître en tout lieu ; dans la montagne il est particulièrement un grand nombre de syllabes longues, de finales, pour la prononciation desquelles il faut largement écarter les mâchoires sans beaucoup desserrer les lèvres, et qui rappelle le mauvais accent gras de l’Alsace.

Le langage de nos campagnes est peu agréable à l’oreille ; il éveille l’idée de rusticité plus que partout ailleurs, mais en même temps l’idée de franchise et de loyauté. Il est peu propre aux idées douces et poétiques. Le Vosgien n’est pas rêveur de sa nature ; il a plutôt l’esprit inventif. Simple, bon et rude, confiant, sans manquer de finesse, il borne ses goûts et son étude aux choses pratiques. Une chanson suffit pour charmer plusieurs générations, comme la robe de l’aïeule ou l’habit du grand-père réchauffe les