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sièreté relative du patois ; cependant il a ses lois, ses harmonies, comme l’homme lui-même, et on pourrait le réduire à un petit nombre de règles générales dont il ne s’écarte jamais. On en saisira quelques-unes par la suite. Les différences entre le patois et le français sont telles qu’il n’y a pas deux mots qui se ressemblent dans l’un et dans l’autre ; mais ces différences, nous ne les appelons point changements ou permutations, comme on l’a fait jusqu’ici, parce que le patois ne s’est pas formé, nous le répétons, sur le français, si ce n’est depuis un siècle peut-être. Les traditions des races primitives se sont maintenues assez opiniâtrement, du moins quant à la prononciation, pour donner au patois un caractère qui ne peut être dû à la barbarie ni à la confusion de toute espèce de règles. L’homme est sous le paysan, comme sous le citadin ; la différence n’est que dans l’application des idées ; les lois de l’esprit sont toujours les mêmes.

Si nous comparons des sons à des sons, ce n’est pas pour montrer inutilement des bizarreries, mais pour essayer d’en tirer des faits.

Voyelles simples,

A français est représenté par oua, oué, ouô, ai ou é, rarement au, eu, et ou : baril, bouara ; cachette, couèchatte ; fâcher, fouôchè ; matin, maitin ; bague, baugue (baug en gothique) ; barre, beurre ; caille, couâye.

É ou AI français est représenté par â, ò, oua, oué ou ouo, u, eu : frêne, frâne (fraxinus, lat) ;