Page:Jouve - Coup d'œil sur les patois vosgiens, 1864.pdf/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 51 —

R est une sorte d’aspiration qui disparaît, comme on le voit plus haut, à la fin d’un mot. Au milieu d’un mot, à la fin d’une syllabe (ar, er, or, our, ir), il en est généralement de même, soit que l’accent portant sur la voyelle qui pré­cède r l’absorbe en quelque sorte, soit qu’on re­jette la faible aspiration de cette lettre, comme nous le voyons dans la langue anglaise où garçon se prononcerait gâçon. L’aspiration se transforme quelquefois en h. De plus la voyelle primitive qui précède r est presque toujours modifiée ; elle devient longue ou elle se transforme en une autre, fort souvent en une diphthongue.

AR. C’est dans la syllabe médiale ar que l’ancien grasseyement français, transporté par les Normands en Angleterre, est le plus fréquent dans le patois vosgien : parler, pâlè ; large, lâge. Dans certaines parties de la montagne l’a est représenté par oua : parler, poualè ; marché, mouachè. Voici encore d’autres transformations : marteau, maité ; fardeau, faidé ; acharné, éhongniè.

OR est représenté en patois par ô, our, ou, ouô, eu : orge, ôge ; tordre, htôde ; borne, bône (vieux français) ; corbeille, courbouâye ; corneille, counâye ; écorché, hcouchè ; mordre, mouòde ; corde, couôde ; ortie, eutie. Les Espagnols trans­forment aussi en diphthongue la voyelle qui pré­cède r : mort, muerte ; porte, puerta.

OUR représenté par ô, ou, ouô, eu et eur : journée, jônâye ; fourneau, foune ; bourde, bouôde ; nourrir, neuri ; fourmi, feurmi et fremi.