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Nous croyons que ceux qui voudraient expliquer quelques mots dont l’étymologie ou les rapports avec d’autres idiomes semblent obscurs, trouveront dans nos tableaux quelque moyen de les découvrir. On a déjà vu comment nous avons pu légitimement tirer ouète de orde (vieux français) ; nous donnerons à l’appui de nos interprétations quelques autres exemples et qui feront voir que nous ne sortons pas des lois qui ont présidé à la formation du patois vosgien.

On nous a demandé quelquefois pourquoi le hanneton s’appelle boudion dans nos Vosges. La réponse était simple et facile, car ce mot est formé de la même racine que bourdonner. C’est un bourdon ; puis par le retranchement de l’r et par une légère modification de la finale qui reçoit l’accent, c’est un boudion. On sait comme ce trop familier coléoptère importune les oreilles du promeneur de son bourdonnement et pour ainsi dire de ses poursuites. Ce qui nous prouve que nous ne nous trompons point, c’est que dans d’autres patois le même insecte a pris le nom de bruant, qui n’est qu’une autre expression du caractère qui nous frappe le plus en lui. Les mots sont les portraits des choses.

C’est ainsi encore qu’on s’assurera de l’étymologie de boudioux. Il ne faut pas être bien vieux à Épinal pour avoir vu la dernière des portes fortifiées qu’eût conservée cette ville sur le petit bras de la Moselle. Boudiou veut dire menteur et vient du mot bourde par le même procédé que