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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/165

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porte un acteur dans l’émission d’un texte et sa traduction scénique. Le comédien doit savoir penser un texte, c’est-à-dire l’imaginer dramatiquement après avoir reçu, de sa lecture, une impression sensible. Claudel dit : « Le texte a une saveur, une substance, il est une nourriture. » Il faut savoir dégager l’intrigue, la situation dramatique d’une pièce. « Le rôle est une page blanche où l’on écrit d’abord le sentiment », dit Stanislawsky. Puis, suivant que l’interprète est acteur ou comédien, il recherche l’exécution au cours des répétitions et trouve l’accord avec ses partenaires.

Il est des textes qu’on peut difficilement jouer en les disant, ce qui est tout l’art du comédien moderne. La valeur de nos classiques réside dans ce fait qu’on peut les dire et les jouer. Un beau texte alimente sans cesse son personnage et il a une valeur de répétition. L’acteur parasite du texte doit savoir également alimenter le spectateur. Le sentiment, la sensibilité dramatique, et aussi la façon d’écouter (qualité très importante et à laquelle on ne donne que rarement ses soins), sont engendrés par le texte. Les textes sont nécessairement conçus pour les qualités dramatiques de l’exécutant, soit qu’en écrivant sa pièce l’auteur ait songe à un acteur existant, soit que celui-ci corresponde naturellement à un type, c’est-à-dire à ce qu’on appelle en terme de métier un emploi.

La liste de ces emplois a changé suivant l’époque dramatique. Les emplois des mystères du Moyen Âge furent très différents de ceux du théâtre grec. Plus tard,