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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/185

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logue théâtral. Le théâtre n’est qu’un dialogue entre la scène et la salle, entre le public et l’acteur.

Tel est le premier stade de cette genèse où apparaissent d’abord deux éléments nécessaires et primordiaux : le public et l’acteur. Mais l’évolution de la cellule montre bientôt la formation et la naissance de l’élément essentiel de la cérémonie, l’apparition du poète dramatique, c’est-à-dire de l’auteur.

Public, acteur, auteur : voilà constituée au deuxième stade cette trinité parfaite par laquelle s’exprime l’art dramatique depuis ses origines, dans une correspondance, une union durable ou transitoire, éternelle ou saisonnière, selon la valeur de ses échanges, c’est-à-dire selon l’opportunité de l’inspiration, la qualité du langage du poète et aussi les vertus du public qui l’écoute.

Le directeur est un supplément.

Dans l’ancienne Grèce, délégué du public et de la République, le directeur s’appelle le « chorège », chargé de choisir les acteurs, de recruter les éléments de la représentation et d’en ordonner la cérémonie soit à ses frais, soit aux frais de l’État. En rapports directs avec le peuple, il à son vrai rôle : c’est le « délégué social ».

Au Moyen Âge, protégé et encouragé par l’Église, il est l’ « entrepreneur ou le surintendant du spectacle », dans la ville où se jouera le mystère ; à moins que la fonction ne soit donnée à un technicien, qu’on appelle le « feinteur ». Chargé des costumes et des décors, il est l’ancêtre de nos metteurs en scène modernes.