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GALERIE DES FEMMES

émotion, que votre présence est délicieusement pénible ! Mon âme m’abandonne ; elle s’élance vers toi… Ô ma bien-aimée, prends toute ma vie !… »

Albane, où sont tes pinceaux ? Viens essayer de rendre ce tableau divin ; mais ta touche voluptueuse et légère voudrait en vain saisir et fixer l’expression ravissante de la tête d’Élisa, Comment peindre ses yeux dont les feux mourants s’éteignent dans les plus douces larmes ? Comment rendre à la fois dans son regard l’expression passagère de la douleur et le charme continu de la sensibilité ? Sur sa bouche le sourire incertain, le désir égaré, les soupirs brûlants ? Comment exprimer dans tous ses traits je ne sais quel charme mélancolique qui ne se manifeste aux yeux que par les douces larmes dont il les remplit ? Tant de beautés, Albane, sont au-dessus de ton art.

Mais enfin, la volupté a conduit nos amants par toutes les gradations du plaisir à cette crise, à ce moment de fougue et d’ivresse, dont l’âme se fatigue à saisir l’imperceptible exis-