Page:Joyau - La Philosophie en France pendant la Révolution, 1893.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le calendrier grégorien, en usage depuis 1582, présente de nombreux défauts : il fixe le commencement de l’année au 1er janvier, date qui ne correspond à aucun phénomène astronomique ; la division des mois n’est pas d’accord avec les lunaisons ; les noms qu’ils portent ne signifient rien pour les modernes[1] : ceux des quatre derniers sont faux et ne peuvent qu’entraîner des confusions ; la semaine n’est pas une période lunaire juste ; enfin les noms des jours, lundi, mardi, mercredi, etc. rappellent des superstitions ridicules. Mais ce qu’on lui reprochait surtout au XVIIIe siècle c’est son origine pontificale et son caractère religieux : il compte les années à partir de l’ère chrétienne ; les innombrables fêtes de l’église y tiennent une place considérable, celle de Pâques exerce une influence prépondérante sur la manière de partager le temps ; tous les jours sont consacrés à des saints. Déjà Sylvain Maréchal, dans l’Almanach des Honnêtes Gens (1787), les remplaçait par des hommes célèbres dont on fêterait la commémoration ; c’est l’idée reprise par Aug. Comte dans la constitution de son calendrier positiviste.

Aussitôt après le triomphe de la révolution et la chute de la royauté, la Convention chargea le comité d’instruction publique de préparer la réforme du calendrier ; de cette commission faisaient partie

  1. Février parait venir de februare, faire des expiations (et non pas de febris, fièvre), janvier de Janus, juin de Junon, juillet de Jules César, août d’Auguste, avril (aprilis) d’aperire, mai de major ou de maïa.