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JACQUES PELETIER AUTEUR POPULAIRE

rigoureuse, en décrivant, l’une après l’autre, les catégories sociales qu’il a représentées, il reste entendu que la vision chez Peletier n’a d’autre loi que le caprice et la mobile curiosité du conteur. Notre Manceau ne s’est pas proposé, comme un La Bruyère, de peindre la vie de son époque ; c’est sans qu’il l’ait recherché que nous pouvons retrouver, sous la trame des inventions gaies, des indications précises sur l’état d’âme et le genre de vie de beaucoup de Français avant la période des guerres de religion.

Les milieux qu’il décrit le moins bien sont naturellement ceux oii il n’a fréquenté que contraint et comme malgré lui. L’on sait, par exemple, combien il a répugné à la vie de cour et aux longs séjours chez les grands : « Honores non sitio, » écrit-il à son frère en 1557, et à Ronsard, dans le même recueil, à la suite des Commenlaires sur Euclide : « Nihil nisi in secessione et solitudine possum scribere. » Il est naturel que ses nouvelles soient pauvres en renseignements sur la cour. Sur François P"" nous apprenons assez peu : il est « royal de toute façon », même par la figure et par le nez « beau et long » (n° 48), il aime la plaisanterie, le mot spirituel, légèrement railleur (n° 47). Peletier reste bref, bien que plus informé, dès qu’il parle des grands seigneurs. Voici quelques-unes de leurs passions : la chasse, qui, chez certains, dégénère en manie au point de les tenir éveillés la nuit : « J’ayme la chasse, dit un gentilhomme, et m’est advis toute la nuit