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L’AVTHEVR


simple lecture, par la guide de l’orthographe des mots, fournist à propos d’un seul aspect, & en gros ce qui se trouue de beau & de rare dans le thresor des sciences, & ce qui est parsemé qui çà qui là en détail dans tous les Livres de divers langages. Mais d’autant que la perfection de l’oeconomie de ce Liure gist specialement en la fidelité du rapport, qui est d’enregistrer sommairement toutes choses sans altération du sens de la matière, laissant le iugement au Lecteur pour la discretion du bon ou mauvais usage : I’ay creu que me pouvant vanter sans presomption de cette vertu, ie deuois donner encore quelques traits de plume à la recherche & blasme du vice contraire, & de l’abus inuetere de la fausseté qui ruine entièrement les bonnes Lettres ; reseruant à la closture de ce Preface de satisfaire au Lecteur sur les circonstances plus particulières de mon principal dessein. Si celuy trahist la focieté publique qui fauffe la parole laquelle conduit noftre intelligence & règle nos actions, ie feray excufable en cette digression, puifque le maintien de la vérité de cette parole est la cause commune, & à moy d’abondant particuliere en ce que la vérité est l’ame de l’hiftoire qui eft le principal object de cét ouvrage.

Entre ceux qui prennent le tiltre de sçauans, nous en auons de trois fortes qui nous corrompent les histoires & ruinent le noble trafic des sçiences, c’eft à fçauoir, les Hiftoriens gracieux & politiques, les Compofeurs de Romans, & les Pedans. Les premiers prennent pour pretexte l’utilité du public, meslangé quelquesfois de la complaifsnce. Les feconds ont efgard a la feule récréation du Lecteur ; Mais les derniers à l’aduanture n’ont-ils autre object que d’abufer de noftre loisir, pour le rapporter à leur particulier vfage. La teinture que i’en feray, si elle ne nous les faict euiter, les fera à tout le moins connoiftre.

Touchant les premiers Historiens qui nous trompent avec quelque grâce, font ceux qui s’accommodent lafchemcnt aux fentimens d’un chacun, & nous trompent par leurs complaifances : Dont eft que venans à femer leur hiftoire, & sentans par les oppofitions qu’on leur fait où loge la difficulté de la perfuafion, ils adioustent hardiment au premier rapport tout ce qu’ils apperçoiuent eftre necessaire à leur conte ;