Page:Jules Barbier et Michel Carré - Faust (Livret d'opéra) - 1867.djvu/5

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LES JEUNES FILLES ET LES LABOUREURS.
Béni soit Dieu !
FAUST.
Dieu !

(Il se laisse retomber dans son fauteuil.)

C’en est fait ! ― mon âme hésite encore ?
La coupe tombe de ma main !…

(Se levant.)

Mais ce Dieu que leur voix implore
Pour moi ne peux plus rien !… et je l’appelle en vain !
(Avec rage.)
Maudites soyez-vous, ô voluptés humaines !
Maudites soient les chaînes
Qui me font ramper ici bas !
Maudit soit tout ce qui nous leurre,
Vain espoir qui passe avec l’heure,
Rêves d’amour ou de combats !
Maudit soit le bonheur, maudites la science,
La prière et la foi !
Maudite sois-tu, patience !
À moi, Satan ! à moi !

Scène II

FAUST, MÉPHISTOPHÉLÈS.
MÉPHISTOPHÉLÈS, apparaissant.
Me voici !… ― D’où vient ta surprise ?
Ne suis-je pas mis à ta guise ?
L’épée au côté, la plume au chapeau,
L’escarcelle pleine, un riche manteau
Sur l’épaule ; ― en somme
Un vrai gentilhomme !
Eh bien ! que me veux-tu, docteur ?
Parle ; voyons !… ― Te fais-je peur ?
FAUST.
Non.
MÉPHISTOPHÉLÈS.
Doutes-tu de ma puissance ?