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VISIONS DE L’INDE

pendus, pour échapper, sans doute, aux insectes et aux reptiles…

— Ils ne sont pas raisonnables, me dit-il à propos des deux amoureux ; ils m’ont avoué qu’ils ne savaient nager ni l’un ni l’autre, et, à part leur promenade du matin en dundee, ils passent l’après-midi à canoter sur le lac, parfois même ils y restent tout le soir… Que voulez-vous ? c’est la nature des Anglais : ils veulent se donner du mouvement quand même. Celui-là a beau être malade, au point que le médecin lui a défendu de monter à cheval, il faut qu’il rame, qu’il rame…

— Ce doit être, en effet, bien agréable, quand on s’aime, de s’isoler dans les anses du Tal.

— Agréable, oui, oui, certainement ; mais nous avons des accidents toutes les années… des accidents dramatiques… Ça n’empêche pas les autres de recommencer…

Les paroles du petit homme tombaient dans mes oreilles comme des cailloux dans un puits. Je l’écoutais, distrait. Rozian plaçait religieusement sur la table mes cahiers de notes, et, dans le cabinet de toilette, un noir remplissait les cruches. Avais-je le pressentiment, déjà, que Naini-Tal compterait parmi les plus puissants souvenirs de cet éblouissant voyage, et que j’y assisterais, bientôt, à un miracle et à une tragédie ?