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VISIONS DE L’INDE

de vêtements ; j’avais hâte de connaître les nouvelles. Il me semblait que les déesses me diraient sûrement le secret de la dernière nuit.

Près des pagotins une foule se pressait ; des soldats du Népaul, des officiers anglais, des marchands noirs ou métis, et la foule nue… Mon cœur battait bien plus précipitamment que devant le Mahatma ou à la première vision des libres et fiers léopards…

J’écartai des prêtres hindous au visage clos par l’indifférence et le rêve… Aux pieds des déesses Naina-Devi et Nanda-Devi, les deux sœurs méchantes avides d’holocaustes humains, un paquet informe gisait. C’étaient des étoffes lacérées, des chairs bouffies, une chose sans nom, que les crocs des perches avaient encore défigurée. Les hommes de police en écartaient cette populace curieuse.

Je pus m’approcher, et, avec horreur, je reconnus le couple d’amour qui fut ma première vision de Naini-Tal, l’Anglais et l’Irlandaise s’attardant sur le lac et dont j’avais bien, l’autre nuit, entendu le cri suprême de naufragés… Ils étaient enlacés dans une crispation suprême. Elle avait eu le bras cassé par l’effort de son mari pour la sauver, sans doute. Lui était affreux à voir : la face tuméfiée, les vêtements salis par la boue des bas-fonds…


J’eus aussitôt horreur de ce site magnifique. La