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VISIONS DE L’INDE

abstraites, devenait un délice pour la vue et une impression d’art…

Tout près, la salle des bains, dans la pénombre, inquiète, encore, incrustée de miroirs qui semblent avoir gardé l’image de ces nudités choisies, charriées vers Sa Majesté Mongole des quatre coins du monde. Ils sont hypnotiques et luxurieux, ces miroirs, comme des yeux fixes qui se seraient repus pendant plusieurs siècles du troupeau des épouses et des concubines, amollies par les voluptés alternativement chaudes ou fraîches des réservoirs avant de monter vers les appartements secrets pour servir à des débauches subtiles. Maintenant ils ne reflètent plus rien, ils captent seulement la rare lumière éparse dans la demi-obscurité, et ils scintillent faiblement comme des prunelles d’aveugle. Plus loin s’étale la pierre noire qui fut le trône d’Akbar et d’où il considérait la lutte des éléphants contre les tigres, dans les fossés profonds du fort… L’âme de ces conquérants était gracieuse et cruelle. La volupté y fraternise avec l’assassinat ! Dans les souterrains j’ai regardé avec horreur la chambre lugubre où ces « BarbeBleue » d’Asie faisaient pendre les désobéissantes et les curieuses, tout près d’un abîme ouvert encore et qui entraînait les beaux cadavres dans les eaux de la Jumna…

Il est difficile de se rendre compte de la vie mé-