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VISIONS DE L’INDE

sière de vos déserts, à vous, les hommes de l’Ouest. Vous avez eu froid dans vos ancêtres. Nous, les amis du soleil, nous avons construit nos temples avec la toiture libre du firmament. »

Le mufti a raison, nos églises sont des monuments pour des corps et des âmes frileux. Notre méditation recherche la chaleur des lourdes portes closes, la lumière des vitraux coloriés ou des flambeaux artificiels. Il n’en est pas ainsi pour ces peuples de soleil, accoutumés à dormir sous des lentes. Des fleurs éternelles sont ciselées sur les murs ; ces arcades sont de grandes fleurs aussi, mais vides, en creux ; ces voûtes sont uniformes. Le « mirab », niche creuse, remplace notre autel et désigne la Mecque lointaine. Nos églises, à nous, sont surtout des refuges ouverts aux femmes qui occupent parfois toute la nef. Ici, parquées derrière des murs, elles sont prisonnières et entassées comme un troupeau.

Le chef-d’œuvre s’affirme dans la simplicité du fronton — elle fait songer à l’art dorique — et dans la suavité de ces dômes blancs à flèches dorées, semblables de loin à des bulles d’argent pâle que la brise a épargnées. Tout le long de la corniche s’élancent de sveltes pavillons aux colonnes légères. Une fois dans la cour intérieure où la piscine seule émerge faiblement, envoûté par cette enceinte de