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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/262

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VISIOINS DE L’INDE

des chambres étroites, les frissons qu’apportent les rythmes savants des poètes et les splendeurs des fresques byzantines. Sur les piliers des portiques quelques vagues traces persistent d’enluminures illustrant le poème de Firdusi le Shah Nama. Dans l’intérieur, des vierges et des anges, dont le pâle profil, les ailes aiguës ont été seuls respectés par le fanatisme musulman…

Pauvre Marie, isolée parmi ces Asiatiques et ces païennes, je te vois suivant ton rêve amoureux et chrétien sur les murs de ta villa où se déroulait, consolatrice, la vie de ta Patronne. Souvent tu montas sur la terrasse pour admirer et mépriser les splendeurs environnantes qui ignoraient Jésus présent dans ton cœur. Certainement, tu dus souffrir de ton séjour à la cour du grand Barbare comme d’un exil raffiné et mélancolique. Tu serais retournée volontiers dans ton petit pays montagneux, près de l’Atlantique, si les Jésuites, qui intriguaient à la cour des Mongols, n’avaient pas eu sur toi leurs desseins, lis espéraient conquérir, par la beauté de tes caresses et la docilité de ton cœur, l’Inde en proie à Mahomet. Tu restas. Tu mourus à cette tâche vaine ; et, jusqu’au dernier moment, tu crus travailler pour le Christ quand Akbar le conquérant t’étreignait dans ses bras maigres et trop longs de singe…