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VISIONS DE L’INDE

nelles des somnambules. Ce n’est qu’une pierre mal dégrossie et brutalement peinte comme les autres divinités : mais cette fois, l’artiste a si bien, dans sa naïveté perverse, exalté le type hypnotique du délire, que l’on se sent, devant cette poupée sacrilège, à la fois attiré et dégoûté. En l’espoir d’une obole, son prêtre qui m’aperçut va vers elle ; pour me faire honneur, il l’habille de ses oripeaux, la déshabille, et la rhabille maintes fois. Les lambeaux d’etoffe troués et magnifiques, par leurs couleurs diverses et téméraires, modifient fantasquement l’aspect du visage et du corps. À chaque robe, on dirait qu’une déesse nouvelle vient d’apparaître. Ce spectacle est inouï dans la ténèbre de la ruelle, où grouillent, autour de nous, les Hindous, comme des vers debout et noirs. Et je songe à une Loie Fuller hindoue, pétrifiée par quelque châtiment infernal et qui, devenue grotesque et méchante, continue son métier d’hallucination éternellement.