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VISIONS DE L’INDE

changer la forme de leur esclavage mental. Ce n’est pas au profit du Dieu véridique et invisible que tombent les anciens mensonges, mais ils cèdent la place à la construction de mensonges nouveaux.

À la religion des sicks s’ajoute pourtant un élément belliqueux qui les rend moins débiles et moins amollis que les autres Hindous.

Un détail curieux à noter : deux officiers français[1] exercèrent à la guerre ces mystiques qui ont gardé comme drapeau nos trois couleurs.

Cependant je dois dire qu’ils m’ont semblé aujourd’hui bien dégénérés de leur antique bravoure. Les Akalis, ces templiers sans mission désormais, se promènent sur les bords du lac ; ils m’ont tout l’air de bons toqués ou de saltimbanques. Ils exhibent une ferblanterie ridicule, un casque (si l’on peut appeler ainsi deux ou trois cercles enroulés à un turban, et des fleurs dans les cheveux), un marteau de fer et une cuirasse ; leur longue barbe, leur perpétuel marmonnement devant les images des Gourous, leur fierté un peu comique, tout concourt à nous les montrer comme des bateleurs de l’armée et de leur Église. Cependant, à l’épreuve on les sait sincères et fiers ; ils sont loyaux, ils se sont bien battus, et leur sang a coulé

  1. Les généraux Court et Allard appelés par Ranjit Singh.