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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/393

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VISIONS DE L’INDE

l’Inde ; et cela, je dois en convenir, en faveur des Anglais.

Un Français, imbu des principes de 89, est tout d’abord dérouté par l’attitude dédaigneuse, la méthode aristocratique qu’ils appliquent à l’administration de leur immense colonie. Ces insulaires gardent, partout où ils passent, leur raideur, des manières qui font de l’espace autour d’eux, les parquent de nouveau dans une île.

Ce système est particulièrement adopté pour l’Inde ; et, il faut le reconnaître, il a merveilleusement réussi. L’indigène est disposé à admirer celui qui lui en impose ; le conquérir par un rapprochement cordial, lui offrir notre « fraternité » républicaine pourrait bien ne conduire qu’à devenir sa dupe. Il n’y a, entre les « natifs » et leurs maîtres, aucune familiarité, aucun voisinage.

Nous, Français, nous nous mêlons volontiers aux indigènes, par une naturelle sympathie pour nos semblables (même lorsqu’ils sont assez différents par la couleur et par la race), aussi par une sorte de religion humanitaire dont l’évangile, depuis longtemps cru et pratiqué, se formula en 89 dans la déclaration des droits de l’homme. Tel était le principe colonial de notre grand Dupleix, le premier administrateur de l’Inde, qui, lui, épousa une « begun ».