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VISIONS DE L’INDE

d’ailleurs inutile, d’être aimé : il veut être confortable et « make money ». Le but est atteint. Malgré la famine et la peste, l’Inde rapporte régulièrement un surplus de lacks de roupies, c’est-à-dire quelque cent millions de boni sur les années précédentes.

L’Inde n’en est pas moins pauvre et malheureuse, cruellement. La plupart de ceux que vous voyez grelotter nus dans les provinces du Nord, pendant Thiver, n’ont pas les quelques cuivres suffisants pour acheter les cotonnades — d’ailleurs anglaises ou allemandes — qui les draperaient[1]. Les plus riches parmi les ouvriers et les paysans gagnent à peu près deux annas par jour, c’est-à-dire de quatre à six sous. L’initiative individuelle fait souvent plus pour eux que le gouvernement. Celui-ci n’intervient que dans le cas de peste ou de famine déclarées.


La situation des femmes s’annonce lamentable. Avec la décadence et la misère elle a empiré. Respectée et traitée presque en égale dans les temps primitifs, selon les lois de Manou, l’Hindoue est, depuis plusieurs siècles, la victime des prescriptions religieuses et sociales les plus tatillonnes, sous la

  1. Voir dans le chapitre : Les villes du Livre, ma causerie avec un brahmane à ce sujet.