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VISIONS DE L’INDE

ses mensonges et ses fourberies. Elle est encore, malheureusement, très influente. C’est elle qui a maintenu, et maintient encore le peuple dans la crainte, la servilité et l’ignorance. Elle a permis à toute époque aux envahisseurs de s’installer dans une Inde divisée et affaiblie, chez qui était tarie par eux toute capacité de résistance. Si le christianisme arrive à miner leur prestige, il fera plus pour l’émancipation de l’Inde, — profondément religieuse par nature, — que toutes les législations et tous les collèges.

L’autre caste, celles des « gourous», était autrefois, non pas peut-être comme elle s’en larguait, « la tête de Brahma », mais le cerveau de l’Inde, le palladium de la tradition et de la philosophie. Ces brahmanes qu’on appelle aussi les « pundits », c’est-à-dire les savants, ont à peu près perdu leur autorité et, chose plus grave, ne se reproduisent guère. Dépaysés par leur science mystique dans ce monde d’argent et de « struggle », ils dépérissent comme une branche qui ne tient presque plus à l’arbre.

Ils risquent de disparaître totalement, d’ici peu ; car ils n’ont plus leur raison d’être. D’une part, à cause des lois de Manou, ils ne peuvent se mêler au monde moderne ; de l’autre, ils se raréfient, stérilisés par l’isolement et la tristesse.