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VISIONS DE L’INDE

trempé dans l’eau de rose, — est une nappe, de nouveau divine, sous l’aurore.

Mais les palmiers des jungles sont refoulés par les docks, les temples par les fabriques… Seul, le ciel a échappé au sacrilège commis par les hommes de l’Ouest. Vainement les fumées des navires et des usines montent vers l’indolence de ce ciel unique, ciel d’amour sur ces tumultes noirs ; il reste le pavillon sans macule d’un berceau souillé…


VII

« Humtollah burning Ghât ».

Le moine fait un geste ; il nous montre d’autres fumées, celles-là exhalées de feux visibles, pétillantes d’étincelles, rougeoyantes de flammèches bondissantes. S’il a daigné se déranger de son rêve, c’est qu’en effet le spectacle en vaut la peine. Il nous indique quelque chose de formidable et de rituel : au milieu des docks, une enceinte de pierre sans toit, s’allonge en terrasse et en escaliers sur le Gange. « Humtollah Burning Ghât », prononce le moine. À travers les colonnes, des hauts bûchers apparaissent, rallumés dès qu’ils sont éteints. Une odeur de cuisine et d’incendie nous gonfle