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VISIONS DE L’INDE

rès ! » s’est écrié dans une de ses lettres le père Flaubert ; j’ai manqué mourir de l’avoir vue.

Que n’ai-je été le pèlerin correct prenant ses repas à l’hôtel et n’en sortant qu’aux heures indiquées, dédaignant les quartiers excentriques et la vie des natifs, ne visitant que les monuments recommandés par son guide ? Celui-là ne s’est jamais assis près des jardins sacrés des temples où fermente en bulles empoisonnées la déesse Dourga. Il n’a pas osé, inquiet du premier frisson, regarder le crépuscule sur le Gange. Épeuré devant la nature, il n’a jamais frayé avec ce peuple de la jungle qu’a chanté Kipling, et il n’a pas suivi dans leurs camps les fakirs, jongleurs et sorciers… Les caves humides où les yoghis somnolent des mois entiers, repliés sur eux-mêmes comme des fœtus, n’ont jamais résonné de son pas. Les amours bestiales et subtiles des bayadères ne lui ont pas fait vivre les voluptés magiques de ces déesses ou de ces péris, que vantent les vieilles légendes… Celui-là, n’a pas tenté vers la demeure des mahatmas inaccessibles, l’ascension des Hymalayas suprêmes !


Je me reposais de mon voyage achevé, dans le petit état indépendant de Kapurthala, au « guest-house » du maharajah, lorsque le mal perfide, couvé longtemps, éclata. La fièvre crût, rebelle aux plus fortes