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VISIONS DE L’INDE

pure. Mais le cœur des Hindous est jaloux et passionné. Ils en veulent à une femme, même s’il n’y a contre elle à relever que des soupçons, tellement ils se font de la mère une représentation supérieure et idéale. En ce moment entre Durmukha, une sorte de prince des espions, de préfet de police, dirions-nous ; il va par les rues, s’arrêtant aux portes, feignant de s’endormir sous les vérandas afin de recueillir les conversations éparses et de rapporter à son maître la publique opinion. Or, le bruit court que l’épreuve du feu n’a été qu’une illusion magique, et, comme la cérémonie fut accomplie à Lanka, nul dans Oudh ne peut en témoigner. Rama devient presque fou à l’annonce d’un tel scandale. Il faut voir les gestes désespérés, les attitudes, — d’ailleurs nobles, — de cabotine prête à s’évanouir qu’affectent à chaque péripétie de ce drame, non seulement Rama, le guerrier par excellence pourtant, mais tous les autres personnages ; seul, Valmiki. Termite, le grand poète que nous rencontrerons aux actes suivants, garde sa maîtrise. Âmes effervescentes, chevaleresques, impressionnables jusqu’à la crise, que le soleil a faites en quelque sorte extérieures, qui brûlent et rayonnent sans cesse comme lui et pour qui il n’y a d’autre nuit que la mort !

Le décor change souvent : nous voici transportés