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VISIONS DE L’INDE



Le brahmane qui nous commente ce drame populaire et cependant plein de délicatesse et de lyrisme, s’étonne de notre étonnement. « L’Hindou spontanément adore la poésie, la grâce, le courage, la vertu, » nous assure-t-il. Pour ces populations, décadentes, il est vrai, mais affinées par plusieurs millénaires de civilisations, il est tout naturel de s’émouvoir à l’héroïsme d’une Sita ou à la jeune effervescence de ses fils. Elles n’ont pas été empoisonnées comme les nôtres, par les faits divers des journaux, les grossiers mélodrames des théâtres, les fredons niais ou grivois des cafés-concerts. Presque tout ce qu’elles savent, elles l’ont appris dans les plus magnifiques poëmes du monde que les mères, illettrées, mais d’âme artiste, chantent à leurs enfants. L’exemple du crime ne les a pas gâtées et elles ne goûtent pas les saveurs de l’atrocité, du cynisme ou de la révolte. Une scène de débauche, par exemple, serait insupportable à un public indigène, quand même elle paraîtrait spirituelle aux vaudevillistes de nos boulevards.


Le théâtre Parsi, situé dans un champ de foire, et où se presse un public bigarré et vibrant, m’a