Page:Jules Feller - Règles d’orthographe wallonne, 1905.djvu/20

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I. Le son représenté par e dans le français le, me, de, ne, que, je, te, etc., et par eu dans peuple, meuble, sera écrit en wallon par eu sans accent.

Ce son est rare en liégeois : il se trouve dans meun’ (mien), meune (mienne), leune (lune), comeune (commune). Mais il se présente fréquemment dans le Sud, où l’on prononce, avec cet eu ouvert : deur (dur), seur (sûr), v’ieur (vouloir), p’leur (pouvoir), teut (toit), seu (soif), neu (noisette), dent (doigt). Verviétois : beur (bure, puits de mine), meur (mur), inteure (il entre). Dans la région de Perwez, Saint-Géry, IV et Vu brefs du namurois sont remplacés par e tel qu’il sonne dans la première syllabe de peuple, meuble. M. Haust, dans le t. 45 du Bulletin, a

employé e italique au milieu des caractères romains et e romain dans l’italique. II est, en effet, déplaisant d’écrire ameu pour ami. La graphie par eu est plus claire,, mais assez laide à causé de sa lourdeur ; la graphie par e (e souligné dans l’écriture manuscrite) est plus discrète et suffit pour distinguer cet e de e atone. Ex. : onep&tete mzne,te, une petite minute.

trouve fréquemment la graphie au. Le français nous offre l’exemple de faute, saule, haut, chaud, jaune, autre, chaux, faux (falcem, falsurn), mauve, paume. Enfin, il est impossible que a ait passé d’emblée à ô sans diphtongaison intermédiaire. Pour ces raisons, nous acceptons la graphie namuroise au, sans rejeter toutefois la graphie phonétique ô. Dans la première édition de ce travail, nous avons considéré cet o comme mi-fermé, désireux de réserver ô pour le son plus fermé qui se prononce dans pôce (pouce), et só (saoul). Le D1’ Niederlànder qui a décrit scientifiquement la phonétique du dialecte namurois (Die Mundart von Namur, dans la Zeitschriftde Gróber, t. XXIV), assignant la notation de o ierrné àpôsse (pâte), note par u (ou) ouvert le son qui se trouve dans côp (coup), côre (coudrier), quatorze, orgue, sort (il-sort), sódar (soldat). Pirsoul écrit côup,fóu, cór (coudrier), pose (pouce), en avertissant (t. I, p. 14) que « ó rend le même son que ôu ». On simplifierait les choses en namurois en représentant 0 provenant de a par au et 0 provenant de 0, ou par ô.