de beaux vers, le tombeau de la belle Laure vit arriver en pèlerinage les plus grands hommes, les plus grands princes et les plus beaux génies de la France et de l’Italie. Ce simple tombeau est placé en effet sur les limites des deux mondes poétiques auxquels Laure appartenait de son vivant, Italienne et Française à la fois ; Italienne par la passion, Française par les vertus de la mère de famille. François Ier lui-même, ce roi galant, le Henri IV du seizième siècle, amoureux comme Henri et poète comme lui, s’en vint tout pensif au tombeau de la belle Laure : en se trouvant en présence de tant d’amour et de poésie, il se sentit touché par le souvenir de ces deux amans, Laure et Pétrarque, et il improvisa ces vers qui sont dignes de Clément Marot :
En petits lieux compris, vous pouvez voir
Ce qui comprend beaucoup par renommée,
Plume, labeur, la langue et le savoir
Furent vaincus par l’aymant de l’aymée.
Ô gentille âme étant tant estimée
Qui te pourra louer en se laisant ?
Car la parole est toujours réprimée
Quand le sujet surmonte le disant !
Vous sentez bien, qu’a l’exemple du roi François, tous les poètes du monde célébrèrent à l’envi ce modeste tombeau, dont la pierre, pour tout ornement et pour toute armoirie, était surmontée d’une rose, avec cette devise latine : Victrix casta fides. Clément Marot imita le premier son élève François Ier ; le chancelier de l’Hospital, cette haute et mâle vertu, ce modèle de la magistrature française, trouva de beaux, vers latins au tombeau de Laure de Noves ; en un mot, ce fut, pendant plusieurs siècles de l’histoire littéraire, une