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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Rethel jusqu’à Reims, des bandits qui avaient assassiné Jean-Louis et Barbarat…

Elle haussa les épaules et, un instant distraite, se remit à son travail.

— Quelle apparence de vérité, dans un pareil soupçon ?

S’il y avait ressemblance des regards, ce n’était pas les mêmes hommes… les traits, les cheveux, la barbe, l’allure étaient différents… Il ne restait que la taille… l’un des deux très maigre… l’autre large, râblé, solide.

C’était tout…

Était-il vraisemblable de retrouver en France, à la tête d’intérêts considérables de la défense nationale, deux misérables policiers de la cour de Vienne ?

Schwartz les regarda encore.

Rose-Lys s’en aperçut.

Elle ne put s’empêcher de murmurer à l’oreille de Rolande, sa voisine d’atelier :

— En voyant le patron, devine un peu à qui je viens de penser…

— À qui ?…

Et après un rapide examen, Rolande ajouta :

— Dis… car moi… je ne devinerai…

Elle n’acheva pas…

Rose-Lys sentit qu’elle frissonnait, en retenant un cri de surprise.

— Toi aussi, tu vois ?

— Oui… le regard… mais c’est tout…

— Et tu as pensé à l’un des deux, n’est-ce pas ?

— Sturberg, celui qui était le chef…

— Moi, à la gare de l’Est, à notre arrivée, j’avais cru voir l’autre… aussi !

Un peu troublées, elles restèrent silencieuses.

Après quoi, Rolande, avec le même geste qu’avait eu Rose-Lys tout à l’heure.

— Quelle folie !… Est-ce que nous allons nous imaginer les rencontrer partout ?