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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Mais elle n’est pas morte… Un jour ou l’autre ils se retrouveront.

— Ce jour-là, il sera trop tard… car, ou bien Isabelle sera mariée et heureuse, et n’aura rien à craindre de Rolande de Chambry… ou bien — dit-il en baissant la voix — nous serons redevenus maîtres du sachet de cuir… et alors la vie de Rolande ne pèsera pas lourd… Il faut que la mémoire de François-Ferdinand reste pure sans que l’ombre d’un soupçon vienne l’assombrir… Lorsque les documents seront revenus en la possession de notre gouvernement… toute preuve pouvant accuser l’archiduc aura disparu, et il faudra que disparaisse également la femme qui, un instant, aura possédé cette preuve…

— Ainsi, dit Nicky Lariss, la voix assourdie, ainsi tu approuves ces amours ?

— Je laisse faire… Je suis un peu fataliste !… Puis, j’adore Isabelle… Elle est mon seul culte et ma seule croyance… J’en suis fier… À Vienne, je l’ai souvent comparée dans ma pensée aux grandes dames de la cour de François-Joseph, aux princesses de sang royal, si élégantes et si altières… et j’ai trouvé qu’elle était la plus belle…

— C’est vrai, murmurait Nicky les yeux fermés, elle est la plus belle…

Mais voici que la jeune fille apparaît dans le jardin.

Voici qu’elle se dirige vers Simon… C’est à peine si elle répond aux saluts respectueux et affectueux des soldats qu’elle rencontre… Pour elle, Simon seul existe.

Lui est si occupé par les arabesques qu’il dessine sur le sable, qu’il ne la voit pas.

Et il faut qu’elle lui adresse la parole pour qu’il s’aperçoive de sa présence.

Alors elle lui tend les mains, elle lui offre son bras… Il se lève, encore lourdement, accepte » pour marcher cette aide gracieuse.