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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Jamais ! jamais ! quoi que tu fasses !

Nicky Lariss tremblait de fureur.

— Tu ne crains donc pas ?

— Je sais de quoi tu es capable… je devine tes pensées et j’entends tes menaces. Pourtant Je te rappelle à la raison… Renonce à Isabelle… Elle ne sera pas à toi… Tu possèdes mes secrets… Tu as partagé ma vie… rien ne te serait plus facile que de me perdre… en même temps, du reste, tu te perdrais toi-même… Je n’ai pas peur de toi…

— Tu as donc une protection mystérieuse qui te donne tant d’assurance !

— Oui… ta lâcheté… Car tu es lâche, Nicky… je t’ai vu à l’œuvre… Pour me dénoncer sûrement, une dénonciation anonyme — c’est une arme à laquelle tu as dû penser — ne suffirait pas… Crois bien que je suis paré contre un pareil danger… Pour me perdre il te faudrait payer de ta personne… et ta lâcheté t’arrêtera au seuil d’une détermination qui nous ensevelirait tous les deux dans la même catastrophe…

Nicky baissait la tête et sa respiration grondait, assez pareille aux râles gutturaux d’un chien qui voudrait mordre et qui ne l’ose…

— Calme-toi… Et ne t’inquiète pas de l’avenir… Ta part sera belle… Quant aux paroles qui viennent d’être échangées ici, fais comme moi et oublie-les…

Après quoi, s’arrêtant de marcher, et reprenant place en face de Nicky :

— Reprenons, si tu veux, notre entretien à son début… Rolande recherche l’adresse de Pulchérie Boitel… Notre intérêt est que cette adresse lui soit connue… Le document sortira sans doute ainsi de sa cachette… Le reste nous regarde… À toi d’aviser…

Nicky Lariss se leva, sombre, l’œil mauvais.

Il murmura :

— Cette fois encore tu seras obéi…

Et ils se séparèrent sans se donner la main.