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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Ne soyez pas entêtée… Contre remise de la pochette de cuir, ou, si la pochette n’existe plus, contre remise des papiers qu’elle contenait, je vous offre…

Il sembla calculer mentalement.

— Je vous offre cinquante mille francs, payés comptant… en billets et même en or… en or, vous entendez ?… en or, que vous pourrez aller porter à la Banque de France, pour concourir, comme tout le monde, à la défense nationale.

— Cinquante mille francs ! murmura la pauvre Noémie, ébahie…

— Que vous placerez en rente viagère… Ça vous en constituera, un revenu !… Ça colle ?

— Ça ne colle pas du tout, puisque je ne sais pas ce que vous voulez…

Sturberg eut un geste d’impatience.

— Vous comprendrez mieux, j’en suis sûr, si je porte la somme à cent mille…

— Vous dites ?

— Cent mille francs… En rente viagère, à votre âge, vous trouveriez facilement du dix pour cent. Ça vous donnerait dix mille francs par an… plus de huit cents francs par mois…

Noémie se remua dans le fauteuil de moleskine.

Elle murmura, en une invocation singulière :

— Mon Dieu, mon Dieu, ayez pitié de moi !…

Elle avait peur de céder à la tentation.

— Je vous laisse le temps de réfléchir… dit l’homme.

Et il alla tapoter, en sifflant, contre les vitres.

Noémie marmonnait des choses tout bas, très vite, à elle-même…

Noémie traversait une crise…

Noémie riait et pleurait… elle était profondément malheureuse…

Cent mille francs ! Dix mille francs de rente ! Quelle fortune, jamais rêvée !… Et que de joies elle répan-