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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Comment le sais-tu ?

— Je l’ai aperçu, un matin, en entrant. La porte du coffre-fort était ouverte et Sturberg rangeait des papiers. En m’apercevant, il fut si troublé qu’il referma violemment le meuble de fer, et il fit un pas vers moi, comme s’il allait m’assaillir… Mais il ne surprit rien sur mon visage qui trahît que j’avais vu… Ces deux monstres sont sur leur garde… Ce n’est point la force qu’il faut employer contre eux, mais la ruse. Tu comprends bien qu’ils ne redoutent pas d’être dénoncés… Une dénonciation leur ferait hausser les épaules… depuis tant d’années qu’ils travaillent pour la défense de notre pays… qu’ils passent des traités avec l’État et qu’ils en reçoivent des commandes… Une dénonciation ne trouverait que des incrédules… et n’aurait d’autre résultat que d’éveiller leur attention et de redoubler leur prudence…

— Selon toi, que faudrait-il faire ?

— Un coup d’audace… s’emparer d’eux brusquement, avant de leur laisser le temps de se reconnaître et de réfléchir… de rien tenter surtout…

— Peut-être. J’y penserai et demain je te dirai quel sera mon plan.

— Maintenant, séparons-nous… Nous sommes restés ensemble trop longtemps… Sois sûr que nous avons été vus et que tu vas être espionné par Nicky Lariss comme Rose-Lys et moi nous le sommes.

— Je comptais partir pour Paris parce que je voulais m’enquérir de ce que tu étais devenue et en rejoignant mon régiment vers Sedan, je serais passé à Clairefontaine… Mes projets sont changés… Je ne partirai qu’à la dernière minute… J’ai donc encore trois jours à rester à l’hôpital.

— Te savoir auprès de moi, même en faisant semblant de ne pas nous connaître, et en évitant de nous rencontrer, c’est une joie si grande, si grande, après tant de malheurs !… Je n’ose y croire…