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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Une femme…

Elle se hâte, familière avec les sentiers. Parfois même, elle court…

Et à Sturberg aux aguets ne viendrait pas la pensée que cette femme peut ne pas être celle qu’il attend… Car c’est l’allure de Rolande, sa taille… la légèreté de sa démarche… C’est elle… En douterait-il que toute hésitation s’envolerait, lorsqu’il la voit passer près de lui, car il lui semble bien qu’il a aperçu, dans la main de l’ombre quelque chose de noir, une sorte de portefeuille carré… qu’elle serre convulsivement…

Mais cela, l’a-t-il vraiment vu ?… Et comme on cet instant toute sa pensée, sa force de volonté, sa rage, sa vie, se concentrent sur cet objet, n’a-t-il pas été le jouet dune illusion ?… Il ne se le demande même pas… Il va à coup sûr vers le crime… rien ne le dérange de sa route…

Alors, il s’élance…

Au-dessus de la tête de la femme, un lourd bâton voltige, tournoie, s’abat comme une massue.

La femme tombe en avant, les bras en croix…

Pas un cri, pas un soupir, pas un geste…

Tout cela s’est passé dans le silence des gouttes de pluie qui crépitent sur les branches sèches.

C’est bien la pochette qu’elle tenait à la main, cette femme.

Il la lui arrache avec violence, d’un coup brutal, à casser les doigts délicats.

Et il étouffe un rire de triomphe.

Cette proie tant convoitée, conquise, perdue, reconquise, il la gardera, cette fois, si bien que si jamais on la lui reprend, ce ne sera que sur son cadavre.

Il s’enfuit, pris de folie joyeuse.

Il court, sans même s’inquiéter du chemin qu’il a pris.