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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

En frôlant l’arbre derrière lequel il se tient, elle a rejeté en arrière, sur les épaules, le capuchon qui lui couvrait la tête…

Comment peut-il retenir le cri horrible qui lui monte aux lèvres ?

Il a reconnu Rolande…

— Elle n’est pas morte !  !

Elle ne semble même pas avoir été blessée… La démarche est aisée, rapide et élégante. Et si le visage, pourtant, est un peu pâle, c’est à cause de la clarté lunaire et puis sans doute de l’émotion qu’éprouve la jeune fille en se rendant à ce rendez-vous auprès de l’aimé si cher à son cœur…

Après un instant de stupeur, le misérable se demande :

— Qui donc, là-bas, ai-je assassiné ?

Celle-ci, est-ce bien vraiment Rolande de Chambry, l’exécrée, la redoutée ?

Il voudrait ne pas croire…

Mais la voici dans les bras de Simon… Ils s’étreignent d’un élan passionné… il entend sa voix, sa voix chaude et ardente… Et, sans desserrer leur étreinte, ils s’éloignent le long de la berge… Et Sturberg ne verra plus rien, n’entendra plus rien…

— Qui donc ? qui donc ? répète-t-il.

Il essuie son front, mouillé, non de pluie, mais d’une froide sueur d’angoisse.

— Rose-Lys ?

Non… Rose-Lys est plus petite que Rolande… Il ne s’y serait pas trompé…

Il remonte les pelouses, insensiblement se rapproche du quinconce de marronniers où, tout à l’heure, s’est commis l’attentat… Les jardins sont toujours déserts… Mais, au loin, près de l’Helvetia, reprennent les cris joyeux et on entend de la musique et des chants.